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Ecologie

Comprendre les raisons de leur présence ?

Une analyse phytoécologique en milieu réel permet de préciser l'effet des facteurs environnementaux - écologiques et agronomiques - sur la distribution, le développement et de l'abondance des espèces. Cette analyse globale doit être complétée par une étude analytique des espèces ayant un rôle agronomique majeur. Le but de cette étude est de décrire la stratégie biologique des espèces en fonction des itinéraires culturaux utilisés. La synthèse de ces approches permet ensuite d'intervenir sur le ou les éléments du système de production favorisant le développement de telle ou telle espèce particulièrement indésirable. Seules les espèces possédant des types "bionomiques"- c'est à dire présentant un ensemble de caractères biologiques, démographiques, génétiques coadaptés, régis par les lois de la sélection naturelle -, compatibles avec les contraintes du milieu cultural particulier seront susceptibles d'acquérir le statut de mauvaise herbe.

Effets de l'environnement sur l'enherbement

En zone tropicale, la présence des espèces est principalement liée à la nature physico-chimique du sol et à son humidité. Seules les plantes parasites sont strictement inféodées à un hôte. Au cours des années, après la mise en culture de la parcelle, la composition de la flore évolue. Les toutes premières années, la flore est composée d'espèces issues du milieu naturel, peu compétitives, nécessitant peu de désherbage, mais également peu adaptées biologiquement aux perturbations répétées du milieu agricole. Rapidement, cette flore est remplacée par des espèces biologiquement mieux adaptées au contexte agricole ; au cours du temps, elles vont devenir de plus en plus abondantes. Ces nouvelles espèces sont apportées dans les parcelles récentes par les semences contaminées, les outils, les animaux (notamment lors du pâturage de fin de cycle), l'eau d'irrigation, le vent… Les pratiques culturales, en fonction de leur degré d'intensification (travail du sol, engrais, herbicides…) vont influer sur la rapidité d'évolution de la flore et de sélection des espèces les mieux adaptées au contexte. En quelques années, apparaissent des enherbements quasiment monospécifiques, contre lesquels les agriculteurs n'arrivent plus à lutter, dans le cadre des itinéraires classiques.
Par exemple, l'utilisation répétée d'herbicides de pré-levée du cotonnier, combinée à un labour au moment du semis et à l'utilisation d'engrais, a favorisé le développement d'espèces comme Euphorbia heterophylla en Côte d'Ivoire, ou Commelina benghalensis au Cameroun. En quelques années, ces espèces sont devenues totalement dominantes. La préconisation d'un labour précoce (4 à 5 semaines avant le semis) provoquant une levée massive de C. benghalensis, suivi de l'épandage d'un herbicide total au moment du semis, sans autre travail du sol, a permis de passer de 4 sarclages avec évacuation du champ à un seul sarclage.

Variations au cours d'un cycle de culture

Au cours d'une saison culturale, la composition floristique de la parcelle et l'abondance des espèces évoluent. Les espèces de début de cycle sont responsables de l'essentiel de la compétition vis-à-vis de la culture, tandis que celles de fin de cycle agissent sur la pénibilité du travail de récolte, sur la qualité de la récolte et augmentent le stock semencier du sol. L'étude de l'enherbement doit donc prendre en compte l'ensemble du cycle.

Définir un seuil de nuisibilité

C'est pourquoi la gestion raisonnée de l'enherbement d'une parcelle doit tenir compte de différents seuils de nuisibilité :

  • Nuisibilité biologique directe : compétition avec la culture - baisse de rendement
  • Nuisibilité indirecte : dépréciation de la récolte, augmentation de la pénibilité du travail
  • Nuisibilité écologique locale : gestion du flux du stock semencier du sol de la parcelle
  • Nuisibilité écologique régionale : diffusion possible d'une espèce nouvellement introduite à l'ensemble de la région

Enfin, l'étude d'une espèce particulièrement envahissante devra porter sur l'analyse de sa stratégie biologique. Il s'agit notamment de comprendre l'ensemble des caractères qui lui confèrent cette capacité d'adaptation et d'envahissement en adéquation avec le contexte agroécologique.

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